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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/36

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BEAUMARCHAIS.

obtenir une audience du conseiller, il serait indispensable de remettre cent louis à Mme Goëzman. Les cent louis furent proposés et reçus. On en voulut cent autres : une montre fut offerte et acceptée à la place. Enfin on demanda quinze louis pour le secrétaire du magistrat. Le procès jugé, Mme Goëzman renvoya les présents, sauf les derniers quinze louis. Beaumarchais les réclama ; le secrétaire déclara ne pas les avoir reçus ; Mme Goëzman affirma qu’on ne les lui avait pas donnés. Et Goëzman dénonça le plaideur au Parlement comme coupable d’avoir calomnié la femme d’un juge, après avoir tenté de la corrompre et de corrompre par elle son mari. Puis, pour appuyer sa plainte, il dicta au libraire Lejay un faux témoignage.

Voilà toute l’affaire Goëzman. Mais, dans le public, il s’agit bien du procès des quinze louis ! Derrière le conseiller, il y a tout le Parlement Maupeou, solidaire de l’honneur d’un de ses membres. Derrière Beaumarchais, il y a la foule des ennemis du chancelier et de la du Barry, tous ceux que le coup d’État a révoltés ou dépossédés, les parlementaires exilés, les princes du sang et les pairs qui ont refusé de reconnaître la nouvelle magistrature, les bourgeois de Paris qui, par esprit de fronde, clabaudent contre l’autorité. Car on entendait, dit Besenval, « jusque dans les rues crier à l’injustice, à la tyrannie ». Ce sont toutes