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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/39

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SA VIE ET SES AVENTURES.

lisait à haute voix dans les cafés. On se l’arrachait au bal de l’Opéra.

Cette fois, Beaumarchais avait gagné la partie. Déjà il avait pris l’offensive. C’était lui qui, dans le passé de Goëzman, avait découvert une galante fredaine, suivie d’un faux, et avait dénoncé le conseiller au Parlement. C’était lui qui portait plainte au procureur général contre le Président de Nicolaï, coupable de l’avoir fait expulser sans droit de la salle des pas perdus. Puis, pour répondre aux insinuations d’un factum anonyme (dont on l’a soupçonné d’être l’ingénieux auteur), il contait son aventure avec Clavijo et altendrissait tous les cœurs sur l’infortune de la pauvre Lisette, laquelle, à la vérité, avait trente-six ans au temps où elle avait été séduite. Mais le public n’y regardait pas de si près.

Beaumarchais triomphait. Ses ennemis étaient à terre. Ques-a-co Marin ? La cour et la ville répétaient ce dernier trait du portrait du gazetier, dans le quatrième mémoire. Au théâtre et à la foire, Marin n’entendait que des quolibets à son adresse. Dans les promenades il ne rencontrait que des femmes coiffées à la Quesaco, et les passants, qu’il croisait dans la rue, fredonnaient à ses oreilles un Noël de Julie Beaumarchais, où il était bafoué, en compagnie de Baculard et de Bertrand. Quant à Voltaire, il écrivait alors au marquis de Florian : « J’ai lu le