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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/40

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BEAUMARCHAIS.

quatrième mémoire de Beaumarchais, j’en suis encore tout ému. Jamais rien ne m’a fait plus d’impression ; il n’y a point de comédie plus plaisante, point de tragédie plus attendrissante, point d’histoire mieux contée et surtout point d’affaire épineuse mieux éclaircie. Goëzman y est traîné dans la boue, mais Marin y est beaucoup plus enfoncé et je vous dirai bien des choses de ce Marin quand nous nous verrons. » Pauvre Marin ! quatre ans auparavant, Voltaire, auquel il rendait de grands services, recommandait à Duclos sa candidature à l’Académie française !

Le 26 février 1774, après une délibération de douze heures, la cour rendit son arrêt : Mme Goëzman était condamnée au blâme et à la restitution des quinze louis ; Goëzman était mis hors de cour et contraint de vendre sa charge ; Beaumarchais était condamné au blâme et on ordonnait que ses mémoires fussent lacérés et brûlés.

La sentence était équitable. Si perfides et si déloyaux qu’eussent été ses adversaires, Beaumarchais n’en avait pas moins bel et bien tenté de corrompre un juge. Mais, dans la mêlée, tout le monde avait oublié le point de départ du procès. Le public fut révolté de l’arrêt de la cour. Les magistrats furent hués à la sortie de l’audience. Tout Paris se fit inscrire chez le « blâmé » du Parlement. Le prince de Conti et le duc de Chartres lui donnèrent des fêtes.