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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/43

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SA VIE ET SES AVENTURES.

l’archevêque de Reims. D’ailleurs Theveneau avertissait le chancelier et le duc d’Aiguillon que pour éviter cette regrettable publication il n’en coûterait que 5 000 louis et une pension de 4 000 livres réversible sur la tête du fils de l’auteur. Theveneau songeait à l’avenir des siens.

Tout d’abord on n’avait pas voulu écouter ces justes propositions ; on avait envoyé des policiers en Angleterre pour enlever le libelliste ; mais l’affaire s’était ébruitée ; les journaux s’étaient indignés, et le peuple avait menacé les agents français de les jeter dans la Tamise. Ce fut alors qu’un ami de Beaumarchais, La Borde, valet de chambre du roi et compositeur de musique, suggéra à Louis XV d’employer les talents diplomatiques du « blâmé » et de l’envoyer à Londres.

Ayant pris, pour la première fois, le faux nom de Ronac (anagramme de Caron) sous lequel il devait dans la suite mystérieusement parcourir l’Europe, Beaumarchais se rendit en Angleterre. La négociation réussit à souhait : on obtint même un rabais sur les premiers chiffres fixés par Theveneau. L’édition fut brûlée. Le duc d’Aiguillon aurait désiré savoir quelles personnes avaient fourni au pamphlétaire les éléments de son libelle. Mais le négociateur refusa de se faire délateur, et bien lui en prit de ménager l’honnête Theveneau. Car, en d’autres temps, celui-ci, de « subtil braconnier » transformé en « excellent