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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/83

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SA VIE ET SES AVENTURES.

Mais les ministres se succédaient, et Beaumarchais qui avait, dès le début, déposé un cautionnement de 748 000 francs, ne pouvait obtenir du gouvernement ni l’appui, ni l’argent qui lui étaient indispensables pour retirer de Hollande sa cargaison de fusils. Un jour, le bruit se répandit dans Paris qu’il cachait toutes ces armes chez lui, et Chabot monta à la tribune. Le peuple envahit sa maison, la visita de la cave au grenier et ne trouva rien.

Malgré le résultat de cette perquisition populaire, Beaumarchais fut arrêté et conduit à la prison de l’Abbaye. Le 20 août 1792 (trois jours avant les massacres de septembre), il fut brusquement tiré de sa captivité, grâce à l’intervention de Manuel. C’était une femme, Mme Houret de la Marinière, qui avait décidé le procureur-syndic de la commune de Paris à cet acte de générosité. Elle avait été la maîtresse de Beaumarchais. Elle était alors celle de Manuel. Et tout ne fut pas fini entre elle et Beaumarchais, comme le démontre une correspondance singulièrement passionnée qui se trouve aujourd’hui à Londres parmi les manuscrits du British Muséum et dont on n’a encore osé publier que des fragments.

Sorti de l’Abbaye, Beaumarchais n’abandonna point son projet. Réfugié à quelques lieues de Paris, il venait chaque soir, à travers les terres labourées, pour sommer le ministre Lebrun de tenir ses engagements et déjouer les intrigues des bureaux