Aller au contenu

Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
BEAUMARCHAIS.

de la guerre qui, maintenant, voulaient accaparer, à leur profit, l’affaire des fusils. Danton riait de l’entêtement de ce vieillard, si insoucieux de sa propre sécurité.

Enfin Beaumarchais obtint un passeport pour la Hollande, avec la promesse qu’on lui enverrait de l’argent. Il passa d’abord par Londres, où il fut obligé d’emprunter une grosse somme à un négociant de ses amis, gagna la Haye, où toutes ses démarches furent contrecarrées par les agents secrets du ministère, puis, s’obstinant à poursuivre de vaines négociations, revint à Londres.

Ce fut là qu’il apprit que Laurent Lecointre venait de le dénoncer, de nouveau, à la Convention. Avec une ténacité vraiment courageuse, il voulut rentrer à Paris et plaider lui-même sa cause devant l’Assemblée. Mais le négociant de Londres — jugeant que c’était trop de perdre à la fois son ami et son argent — tint à mettre son débiteur en sûreté et le fit enfermer pour dettes à la Prison du Banc du Roi. L’infatigable plaideur occupa ses loisirs forcés à écrire une suite de mémoires adressés à la Convention.

Aussitôt qu’il eut désintéressé son prêteur, il partit pour la France, distribua 6 000 exemplaires de sa défense, confondit son dénonciateur et reçut du Comité de Salut public une nouvelle mission en Hollande. Cette fois, sa tâche était encore plus diffi-