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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/85

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SA VIE ET SES AVENTURES.

cile : l’Angleterre et la Hollande avaient déclaré la guerre à la France, et les fusils étaient en pays ennemi. Sous un faux nom, Beaumarchais parcourut l’Europe, rusant, intriguant, empêchant par des marchés fictifs les Anglais de s’emparer des fusils.

Au cours de ces pérégrinations, il se trouvait à Hambourg, lorsqu’il apprit une terrible nouvelle : son titre de « commissaire de la République » n’avait pas empêché que son nom fût inscrit sur la liste des émigrés ; tous ses biens et les arrérages du cautionnement déposé étaient mis sous séquestre ; sa famille était emprisonnée.

Le 9 Thermidor sauva de la guillotine la femme, la sœur et la fille de Beaumarchais. Quant à lui, il ne fut rayé de la liste des émigrés qu’en 1795.

Durant ces trois années, il mena à Hambourg l’existence la plus misérable. Il savait les siens persécutés et sans ressources. Il suppliait vainement le gouvernement des États-Unis de reconnaître les services jadis rendus : Date obolum Belisario ! Et l’affaire des fusils hollandais était à vau-l’eau ; un instant, Beaumarchais avait songé à faire passer ces armes en Amérique ; mais l’Angleterre avait fini par s’en emparer.

Rentré à Paris, il put enfin goûter quelque repos. Il maria sa fille à un bon jeune homme qui « s’obstinait à la vouloir quand on croyait qu’il n’avait plus rien ». Il eut aussi la joie d’assister à une reprise