Aller au contenu

Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
BEAUMARCHAIS.

vent la charité terriblement tapageuse. On a cependant retrouvé dans ses papiers la trace de quelques bonnes actions dont il ne s’était jamais vanté. On a fouillé toute sa vie, on ne l’a jamais accusé d’avoir offensé quelqu’un sans y avoir été provoqué. Il a beaucoup trafiqué, beaucoup spéculé, jamais personne ne lui a reproché sa ruine ou celle des siens.

Il n’avait point de ressentiment. Il est venu au secours de Mme Goëzman dans la misère.

Nous avons conté sa querelle avec Mirabeau. Or, quatre ans plus tard, il reçoit une lettre de son ennemi. Le couvent des Minimes de Vincennes, devenu bien national, est à vendre ; Mirabeau songe à l’acheter, mais il a appris que Beaumarchais a manifesté la même intention. « Il n’est pas douteux, écrit-il, que si vous désirez ce joli séjour, vous le paierez beaucoup plus cher que moi, parce que vous êtes beaucoup plus en état de le faire, et, cela posé, je trouverais très désobligeant de hausser à votre désavantage le prix d’un objet auquel je ne pourrais plus atteindre. » La réponse de Beaumarchais est spirituelle : « Je vais répondre à votre lettre, monsieur, avec franchise et liberté. Depuis longtemps je cherchais une occasion de me venger de vous ; elle m’est offerte par vous-même et je la saisis avec joie. » Oui, il a pensé à acquérir les Minimes : de précieux souvenirs d’enfance l’atta-