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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/95

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SES DEUX RÉPUTATIONS.

chent à ce vieux couvent. Mais que Mirabeau lui laisse seulement le Jugement dernier de Jean Cousin placé dans la sacristie et il se gardera bien de couvrir les enchères. « Si vous avez besoin de bons renseignements ou même de mon concours pour la facilité de votre acquisition, parlez, je ferai là-dessus tout ce que vous voudrez, car, si je suis, monsieur, le plus implacable de tous vos ennemis, mes amis disent en riant que je suis le meilleur de tous les méchants hommes. » Mirabeau remercie et promet que, s’il devient propriétaire du clos, le Jugement dernier appartiendra à Beaumarchais : « Mon ambition à cet égard s’augmente d’un vœu ; c’est de vous y voir venir chercher les vestiges de la sacristie et avouer qu’il n’est point de fautes inexpiables, ni de colères éternelles ». Et, là-dessus, Beaumarchais donne à Mirabeau « l’assurance la plus sincère d’un total oubli du passé ».

La haine chez lui n’était pas vivace. Une seule fois, il se complut à d’inutiles représailles : ce fut contre Bergasse, qu’il mit en scène sous le nom de Bégearss dans la Mère coupable. Mais, pour son excuse, il faut se rappeler que Bergasse l’avait, sans raison, couvert d’outrages ; à l’heure même où Beaumarchais écrivait et faisait représenter ce drame, on exploitait contre l’auteur les calomnies de l’avocat dans l’Assemblée comme dans la rue.

Parents, amis, ennemis même, témoignent donc