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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/96

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BEAUMARCHAIS.

de la bonté de Beaumarchais, de sa sensibilité. Pour ne négliger aucun témoin, il faudrait encore consulter les femmes dont il fut aimé. Mais, ici, l’enquête devient délicate parce que, sous le roi Louis XV, la sensibilité s’accordait à merveille avec le cynisme des mœurs, et Beaumarchais fut jusqu’aux moelles un homme de ce temps-là.

Un jour, comme ses adversaires insinuaient que son dévouement à Mme Kornman n’était point désintéressé et que tout était suspect d’un homme qui avait tant aimé les femmes, il leur répondit : « Eh ! pourquoi rougirais-je de les avoir aimées ? Je les chéris encore. Je les aimai jadis pour moi, pour leur délicieux commerce, je les aime aujourd’hui pour elles, par une juste reconnaissance. Des hommes affreux ont bien troublé ma vie ! quelques bons cœurs de femmes en ont fait les délices. Et je serais ingrat au point de refuser dans ma vieillesse mes secours à ce sexe aimé qui rendit ma jeunesse heureuse ! »

Beaumarchais ne disait pas toute la vérité. À l’époque même où il écrivait ces lignes, il avait, dit-on, clouée sur son bureau, une pantoufle en or, celle de sa maîtresse ; et, au moment de travailler, il la baisait pour trouver l’inspiration. Plus sûrement encore que la légende de la pantoufle en or, les lettres à Mme Houret de la Marinière prouvent que les hommages rendus par Beaumarchais au