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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/97

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SES DEUX RÉPUTATIONS.

« sexe aimé » n’étaient pas inspirés seulement par « une juste reconnaissance ».

Il avait treize ans lorsqu’il fut amoureux pour la première fois, et amoureux il resta jusqu’à sa mort. C’était sa destinée. D’ailleurs la passion n’était pour rien dans ses innombrables aventures. Il aimait par goût de l’intrigue, par allégresse de vivre. Loménie a exhumé la correspondance de Beaumarchais avec une jeune et charmante créole, Pauline de B… : c’est un triste échantillon de rhétorique amoureuse, tour à tour sensuelle et sentencieuse. À vrai dire, dans le sentiment, il est furieusement empêtré. C’est un bon païen, à la façon des rimeurs de couplets. Sa philosophie de vaudevilliste s’exprimait en ces deux vers :

Toute femme vaut un hommage,
Bien peu sont dignes d’un regret.


Puis, cet éternel besoin de changement est le fond même de sa nature. La diversité des objets stimule ses sens de même que son esprit. Il court après le plaisir, comme après la fortune, sur toutes les routes ; et il mène ses entreprises, galantes ou financières, avec le même entrain, la même hardiesse, la même gaîté.

Lorsque la rumeur publique accuse Beaumarchais d’avoir empoisonné ses deux premières femmes, Voltaire écrit à d’Argental : « Un homme vif, pas-