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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/98

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BEAUMARCHAIS.

sionné, impétueux comme Beaumarchais donne un soufflet à sa femme et même deux soufflets à ses deux femmes ; mais il ne les empoisonne pas ». Plus tard, lorsque Beaumarchais publie les œuvres complètes de Voltaire, il ajoute en note, au-dessous de cette lettre : « Je certifie que ce Beaumarchais-là, battu quelquefois par les femmes, comme la plupart de ceux qui les ont bien aimées, n’a jamais eu le tort honteux de lever la main sur aucune ».

Et nous le croyons sur parole. Pour se faire aimer il n’avait nul besoin d’en venir à ces expédients. Son esprit, sa belle stature, le charme de son visage et son insolence de parvenu suffisaient à le rendre irrésistible dans les salons des financiers comme dans les coulisses de l’Opéra. « Il fut aimé, assure Gudin, avec passion de ses maîtresses et de ses trois femmes. » Ses maîtresses, nous les avons entrevues : la charmante marquise de la Croix, qu’il jugea digne d’un roi et dont la miniature fut retrouvée ensevelie sous des dossiers de procès et d’affaires, enveloppée dans un papier où on lisait ces mots d’une écriture très fine : « Je vous rends mon portrait » ; — la comédienne Ménard, qu’il voulut tirer des griffes du duc de Ghaulnes, et dont l’amour lui valut d’aller en prison ; — Mme Houret de la Marinière, qui émut si follement sa verte vieillesse et dont l’amour le sauva des massacres révolutionnaires — et combien d’autres, s’il faut en croire les Mémoires