Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/171

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un jugement pose ou déclare une attribution. Aristote ajoute ensuite que tout discours déclaratif, élémentaire ou réduit à ses plus simples éléments, est, soit une affirmation, soit une négation[1]. — Mais, si Aristote a bien vu que tout jugement est un acte d’affirmer ou de nier, il n’a pas aussi nettement aperçu quel est dans la proposition, expression du jugement, le signe qui traduit l’affirmation ou la négation ; autrement dit, il n’a pas dégagé avec toute la netteté désirable la copule et son rôle. Sans doute il admet la décomposition du verbe en attribut et copule, et il reconnaît qu’on peut dire indifféremment : ἄνθρωπος βαδίζει et ἄνθρωπος ἐστὶ βαδίζων[2]. Il y a même un passage de l’Hermêneia qui enseigne que le verbe être, considéré dans l’un de ses usages, n’exprime point un être qu’on puisse prendre en lui-même et à part des termes qu’il met en relation, attendu que sa fonction est d’indiquer la σύνθεσις[3]. On ne peut pas mieux définir, semble-t-il, l’être comme copule. Cependant il y a une contre-partie. Aristote admet bien la décomposition du jugement en sujet, attribut et copule ; mais il tient cette décomposition pour facultative, et il n’enseigne nulle part que tout jugement, sans exception, doit se ramener à ces trois éléments. De plus il se plaît à prendre, comme exemples de jugement, des jugements d’existence qu’il ne décompose pas : ἔστιν ἄνθρωπος (Herm. 10, 19 b, 15). Enfin il est certain que, dans le verbe ἐστι, le sens d’exister et celui qui appartient à la copule se confondent pour lui étrangement, au premier alinéa du chap. 10 de l’Hermêneia.

    convient, bien entendu, pour le présent de réserver, dans ce texte, le caractère que possède ou ne possède pas le discours d’être précisément vrai ou faux, et d’être surtout attentif à l’acte mental de l’ἀπόφανσις.

  1. Ibid. 5 déb. : ἔστι δὲ εἷς πρῶτος λόγος ἀποφαντικὸς κατάφασις, εἶτα ἀπόφασις…
  2. Hermen. 12, 21 b, 9 : οὐδὲν γὰρ διαφέρει εἰπεῖν ἄνθρωπον βαδίζειν ἢ ἄνθρωπον βαδίζοντα εἶναι. De même, avec quelques autres exemples, Métaph. Δ, 7, 1017 a, 27-30. Cf. Phys. I, 2, 185 b, 27-30 (voir p. 130, n. 3).
  3. 3, 16 b, 22 : οὐδὲ γὰρ τὸ εἶναι ἢ μὴ εἶναι σημεῖόν ἐστι τοῦ πράγματος, οὐδ’ ἐὰν τὸ ὂν εἴπῃς καθ’ αὑτὸ ψιλόν. ἑαυτὸ μὲν γὰρ οὐδέν ἐστι, προσσημαίνει δὲ σύνθεσίν τινα, ἣν ἄνευ τῶν συγκειμένων οὐκ ἔστι νοῆσαι.