Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/239

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fondir cette définition, complétons-la en donnant une indication sommaire du contenu de l’ouvrage consacré par Aristote à la dialectique. — La dialectique consiste d’abord pour le répondant, et implicitement pour l’interrogeant lui-même, à ne pas se contredire : or la science de l’analytique nous a appris à rester d’accord avec nous-même, et, sur ce point strictement pris, Aristote n’a rien à ajouter. Mais il reste à nous approvisionner d’opinions pour développer l’opinion fondamentale qui sert de point de départ à la recherche dialectique. Puisqu’il s’agit d’opinions et non pas de la réalité des choses, ce n’est pas dans la nature propre de chaque chose que nous devons chercher nos développements. Ce qu’il faut, c’est que nous ayons des moyens de suggestion pour retrouver ou, au besoin, pour trouver, autour d’un sujet quelconque, une abondance d’opinions. Nous obtiendrons ces moyens de suggestion, si nous parvenons à grouper sous certains chefs généraux tout ce qu’on peut se proposer de dire sur un sujet quelconque. Or toute proposition et tout problème portent, relativement au terme qui est sujet dans la proposition ou dans le problème, sur le genre, le propre ou l’accident qu’on peut donner pour attributs au sujet. On pourrait songer aussi à la différence : comme elle est quelque chose qui touche de près au genre (ὡς οὖσαν γενικήν), on peut la ranger à côté du genre. D’autre part, le propre a deux acceptions : c’est un caractère qui n’appartient qu’à un sujet, sans cependant être essentiel, ou bien c’est l’essence même qui s’exprime par la définition. Nous devons donc considérer tout problème comme se référant en définitive à quatre objets : le propre, la définition, le genre, l’accident (Top. I, 4, jusqu’à 101 b, 25). Si donc nous formulons des propositions très générales se référant à ces quatre objets, telles que celles-ci par exemple[1] : « Quand le contraire d’un accident convient au contraire d’un sujet, l’accident convient au sujet (si la vertu

    ἧς δυνησόμεθα συλλογίζεσθαι περὶ παντὸς τοῦ προτεθέντος προβλήματος ἐξ ἐνδόξων, καὶ αὐτοὶ λόγον ὑπέχοντες μηθὲν ἐροῦμεν ὑπεναντίον. Cf. pour d’autres textes Bonitz, Ind. 183 a, 27.

  1. Cf. Ch. Thurot, Études sur Aristote (IVDe la Dialectique et de la Rhétorique), p. 164.