Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/244

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ges de la dialectique selon Aristote sont de s’exercer à la pensée, d’apprendre à redresser son interlocuteur en prenant pour prémisses des opinions qu’il admet lui-même, enfin de venir en aide, dans certains cas, aux sciences véritables, à celles qui entrent dans l’encyclopédie du savoir ou, autrement dit, dans la philosophie[1]. — Pour ce qui est du second usage nous venons de l’indiquer assez clairement, et il n’y a pas lieu de rien ajouter (cf. Métaph. Γ, 5, 1009 a, 16 sqq.). — Il n’y aurait pas non plus beaucoup de développements à donner au sujet du premier usage, si Aristote n’avait vraiment considéré sous ce chef que des exercices de pensée. On devrait se contenter de dire avec lui, dans ce passage des Topiques où il définit, comme on l’a vu, les fonctions de la dialectique : « Qu’elle soit utile pour s’exercer à penser, cela est évident de soi ; car, si nous sommes en possession d’une méthode, nous pourrons raisonner avec plus de facilité sur une question proposée. » Mais à la γυμνασία, à l’exercice, Aristote attache étroitement la πεῖρα, l’examen (Top. VIII, 5, déb. et 11, 161 a, 25)[2]. Cette partie, ou cette fonction, de la dialectique, qui mérite le nom de πειραστική, consiste à examiner celui qui se donne comme possédant une science, et cette épreuve peut être faite même par quelqu’un qui ne sait pas, puisqu’elle procède à la manière de toute opération dialectique, sans se référer au contenu propre de la science dont il s’agit (cf. Top. IX (Soph. el.), 8 déb. ; 11, 171 b, 4 et 172 a, 21). Cette fonction, parente de la réfutation socratique, est évidemment très importante. — Elle ne le cède en importance qu’au troisième usage de la dialectique, qui est relatif aux sciences. Cet usage se dédouble : d’une part, nous dit Aristote[3], la dialectique sert à poser les ἀπορίαι et,

  1. Ibid. 2, 101 a, 26 : ἔστι δὴ πρὸς τρία, πρὸς γυμνασίαν, πρὸς τὰς ἐντεύξεις, πρὸς τὰς κατὰ φιλοσοφίαν ἐπιστήμας· ὅτι μὲν οὖν πρὸς γυμνασίαν χρήσιμος, ἐξ αὐτῶν καταφανές ἐστι· μέθοδον γὰρ ἔχοντες ῥᾷον περὶ τοῦ προτεθέντος ἐπιχειρεῖν δυνησόμεθα. κτλ. Cf. infra, n. 3 et p. 234, n. 1.
  2. ἔστι δὲ ἡ διαλεκτικὴ πειραστικὴ περὶ ὧν ἡ φιλοσοφία γνωριστική, dit un texte connu de la Métaphysique, Γ, 2, 1004 b, 25.
  3. Top. I, 2, 101 a, 34 : πρὸς δὲ τὰς κατὰ φιλοσοφίαν ἐπιστήμας, ὅτι δυνάμενοι πρὸς ἀμφότερα διαπορῆσαι ῥᾷον ἐν ἑκάστοις κατοψόμεθα τἀληθές τε καὶ τὸ ψεῦδος. ἔτι δὲ πρὸς τὰ πρῶτα τῶν περὶ ἑκάστην ἐπιστήμην ἀρχῶν.