quand une chose est informée qu’on reconnaît qu’elle est en possession de sa nature. L’analogie des choses artificielles peut ici être invoquée et témoigne d’une manière frappante : un lit n’est tel que quand il a reçu la forme du lit ; c’est cette forme qui le fait et qui l’a fait lit. De même c’est par leur forme que la chair et l’os sont devenus ce qu’ils sont. Le principe générateur, c’est le principe même qui caractérise et définit, c’est la forme. C’est l’homme qui engendre l’homme ; du moins, en tant que nature, c’est l’homme contenu à l’état de principe actif dans la semence {ibid. 193 a, 30 b, 12[1]). En conséquence le physicien, au lieu de s’interdire la recherche de la forme, fera de cette recherche au contraire le principal objet de ses spéculations (cf. par exemple Phys. II, 7). Mais, lorsqu’Aristote a énoncé toutes ces propositions anti-matérialistes et y a insisté, il est bien forcé de ne pas oublier qu’elles ont une contre-partie. Prise en elle-même, la forme est immobile comme le premier moteur : c’est un principe qui meut naturellement, mais qui n’est pas naturel (ibid. 7, 198 a, 35). Et en effet prendre la forme en elle-même, c’est la séparer. Et une forme séparée ne peut pas être une nature, puisqu’elle n’est plus immanente. — La nature est donc bien quelque chose d’ambigu entre la matière et la forme, et le dernier mot d’Aristote sur la nature est bien dans les lignes suivantes du 2e chapitre du livre II de la Physique (194 a, 12-15) : « La nature ayant donc deux sens, celui de forme et celui de matière, il faut l’étudier de la même manière que nous chercherions l’essence du camus, et, par conséquent, des objets de cette sorte ne sont ni sans matière, ni pourtant considérés sous leur aspect matériel[2] ».
De la nature, cause suprême des phénomènes naturels en tant qu’on ne s’élève pas au-dessus du monde jusqu’à l’objet de la philosophie première, passons à ces phénomè-