Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/59

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ron qui se vante d’avoir lu ces ouvrages ne les connaît peut-être que de seconde main[1]. Du moins, selon la remarque de Ch. Thurot[2], les ouvrages de Cicéron, où celui-ci annonce qu’il va suivre Aristote et, par exemple, ses Topiques, ne présentent, quand on les examine de près, aucun rapport avec les textes d’Aristote qu’il prétend suivre. Dans tous les cas, ni les Topiques, ni la Rhétorique même, ne peuvent avoir donné à Cicéron et à Quintilien l’idée qu’ils se font du style d’Aristote. Nous avons déjà cité (p. 20) ces jugements à propos des dialogues. Suavitas est une expression qui revient plusieurs fois chez Cicéron et se retrouve dans Quintilien : pour eux Aristote est un écrivain abondant et orné. Denys d’Halicarnasse de son côté parle de l’agrément d’Aristote[3]. Ce ne sont pas nos écrits scientifiques qui peuvent avoir inspiré une pareille appréciation à Denys ; car ils n’ont que les qualités sévères du style technique, quand même ils ne sont pas gâtés par ce que Bonitz appelle Aristotelis insignis in scribendo negligentia. Nous venons de voir en outre que les deux Romains avaient à peine touché aux plus accessibles des écrits scientifiques. C’est donc qu’il y avait en circulation d’autres ouvrages d’Aristote, des écrits publiés, au sens le plus fort du mot, publiés jusqu’à atteindre, autant qu’il était alors possible, le grand public. Cicéron avait employé le Περὶ φιλοσοφίας, l’Eudème, le Προτρεπτικός ; il avait employé aussi des ouvrages sur la politique qui n’étaient pas la Politique, peut-être le πολιτικός et le π. βασιλείας[4].

Les textes d’Aristote que nous pouvons invoquer pour établir plus précisément et plus directement cette division de ses écrits en publiés et, au moins dans un certain sens, non publiés, sont au nombre de deux. L’un se trouve à la Un du ch. 15 de la Poétique : εἴρηται δὲ περὶ αὐτῶν ἐν τοῖς ἐκδεδομένοις λόγοις ἱκανῶς. Ce texte est très formel. Des

  1. Voir Zeller, ibid. et n. 3.
  2. Études sur Aristote (1800), Appendice 13 : Cicéron et la Rhétorique d’Aristote, p. 200-270.
  3. Les textes sont cités par Zeller, p. 111, n. 1.
  4. Pour les passages où Cicéron se reporte à ces écrits d’Aristote, voir Zeller, p. 111, n. 2.