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Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/69

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l’autorité de la tradition. La vérité semble être tout d’abord, comme le pense Ravaisson, que les discussions dialectiques auxquelles renvoie Aristote étaient des discussions écrites et n’étaient, en aucun cas, des discussions orales. Mais il faut ajouter autre chose. Ces écrits, dans lesquels Aristote employait la méthode dialectique, étaient par là-même des ouvrages destinés au public, des ouvrages qui avaient été publiés. Thurot a donc raison : l’expression ἐξωτερικοὶ λόγοι désigne un caractère interne de certaines productions d’Aristote. Toutefois Aristote désigne en même temps par là, d’une façon indirecte, mais non moins naturelle pour cela, des ouvrages publiés. Remarquons que cette interprétation est, plus qu’aucune autre, d’accord avec la tradition. Car les commentateurs disent bien, de temps en temps, que les discours exotériques sont des ouvrages dialectiques : Aulu-Gelle dit qu’Aristote enseignait dans ses livres exotériques facultatem argutiarum, et Strabon, que les ouvrages exotériques permettaient exclusivement θέσεις ληκυθίζειν, travail essentiellement dialectique par opposition à φιλοσοφεῖν πραγματικῶς (p. 52).

Puisque les écrits exotériques coïncident ainsi avec les ouvrages publiés, quelle était donc la situation des écrits acroamatiques, c’est-à-dire en somme de toute notre collection aristotélicienne ? Il faut, semble-t-il, répondre, avec Zeller, qu’ils n’ont pas été publiés dans toute la force du terme avant la mort d’Aristote, mais que cependant ils n’étaient pas restés complètement inédits, c’est-à-dire qu’ils avaient été publiés pour les besoins et dans l’enceinte de l’École péripatéticienne. Le fait le plus considérable, parmi ceux qui doivent nous porter à croire que les écrits acroamatiques n’avaient pas été vraiment publiés avant la mort d’Aristote, c’est la manière dont ces écrits se réfèrent les uns aux autres. Les références d’un écrit à l’autre s’entrecroisent, et cela non pas quelquefois et par exception, mais d’une façon constante. Les Topiques ont dû être écrits avant les Analytiques, et ils sont fréquemment cités par les Analytiques (voy. Bonitz, Ind. 102 a, 32, 37, 39). Mais, à leur tour, les Analytiques sont cités quatre fois dans les Topiques. Le De caelo renvoie à propos de la droite et de la