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SIXIÈME LEÇON


POINT DE DÉPART DE LA PENSÉE D’ARISTOTE.
DIVISIONS DU SYSTÈME. PLAN DE L’EXPOSITION

Le réalisme des Physiologues avait rencontré beaucoup de difficultés lorsque Socrate parut. Par exemple, les Éléates avaient été fortement choqués par l’insaisissabilité des choses sensibles : si ces choses sont, comment se fait-il que ce qui est blanc se trouve noir et que ce qui est chaud se trouve froid ? Devant cette impossibilité de savoir ce qu’une chose est et ce qu’elle n’est pas, les hommes sont condamnés à admettre le oui après avoir admis le non et, comme disait Parménide, à revenir sur leurs pas et à tourner sur eux-mêmes[1]. D’autre part, s’il y a une réalité véritable, alors les sens ne la donnent pas. La neige, étant composée d’eau, est noire malgré nos yeux, disait Anaxagore[2] ; les qualités, autres que la figure, la position et l’ordre, sont des conventions, disait Démocrite[3], pendant que, de son côté, la critique de Zénon ne laissait pas subsister grand chose de ces qualités privilégiées, puisque Zénon ruinait la représentation de l’étendue, leur commun support. Aussi les philosophes se plaignaient-ils communément de l’incertitude de la connaissance, et particulièrement de l’insuffisance des sens. Enfin le mal s’accroissait encore par la contradiction mutuelle des doctrines, dont Gorgias,

  1. Ritter et Preller, 8e éd., textes 147 et 115 ; Fragm. der Vorsokratiker, de H. Diels (2e éd.), Mélissus, fr. 8. Parménide, fr. 6, v. 6-9 (48-51, Karsten).
  2. Sextus, Hyp. Pyrrh. I, 33 et Cic. Acad. II, 34, 100, textes cités dans Ritter et Preller, 161 b et dans Vors. 46 A, 97).
  3. Vorsokr., ch. 55, B, texte 125, p. 408, 17.