Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/87

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plus que tout autre, se chargeait de dégager le résultat. — Pour toutes ces raisons négatives, et peut-être aussi pour une raison positive, à savoir l’avènement de la géométrie, un penseur de la dernière moitié du ve siècle devait se sentir poussé à quitter le point de vue des Physiologues, à chercher d’autres objets de pensée que les choses sensibles. Socrate était tout spécialement disposé pour céder à cette pression du milieu pensant, puisque, d’autre part, il était porté à s’intéresser aux questions morales. La tempérance, la justice, la piété, sur la nature desquelles il avait le désir de s’éclairer, étaient précisément des objets opposés à ceux des physiologues : c’étaient des choses spirituelles. Ces nouveaux objets, disons-nous, étaient opposés à ceux des Physiologues. Voici en effet les principaux caractères qu’ils présentent. D’abord ils sont composés, non pas de parties intégrantes, comme dira l’École, ils sont composés de parties ou inférieures ou subjectives. On fait la partition d’une table ou d’une pierre en des planches et des pieds, en des morceaux de pierre. Mais la vertu, par exemple, se diversifie par la division en des vertus spéciales : courage, tempérance, justice etc. D’un autre côté, par l’analyse, la vertu se résout en des parties d’autre sorte, mais qui sont aussi loin que les précédentes d’être des parties intégrantes juxtaposées dans l’étendue : c’est, par exemple, une disposition permanente, une disposition de l’âme, une disposition à agir, à agir dans le sens de la perfection, etc. En second lieu, les objets de la spéculation socratique sont des universaux. Et cela pour deux raisons. La première, c’est que, puisqu’on s’entend, au moins dans une certaine mesure, quand on parle des choses morales, la justice par exemple est la même en deux ou plusieurs esprits individuels. La seconde raison, c’est que, quand on s’enfermerait dans un seul esprit, on trouverait, dans les objets moraux qui sont en lui, des éléments communs : ainsi la vertu est un élément commun au courage et à la tempérance, le courage est un élément commun au courage civil et au courage militaire, etc. En troisième lieu, les parties dont se composent les objets de la spéculation socratique se commandent les unes les autres. D’abord, le