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Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/14

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vier nous les montre comme différant radicalement de ceux qu’il a écrits depuis sa pleine maturité. Ils appartiennent à une autre philosophie dans toute la force du terme. Tellement que, à vrai dire, nous devrons consacrer notre effort à montrer, non pas comment elle diffère de la doctrine des Essais de critique générale et des ouvrages postérieurs, mais bien comment, malgré les différences éclatantes, elle y ressemble et les prépare[1]. Elle constitue, sans contestation possible, l’objet d’une étude spéciale. C’est à commencer cette étude que nous consacrerons notre première leçon[2].

Prise en elle-même et séparée de ce qui marque déjà une transition vers une autre manière de penser, la première philosophie de M. Renouvier est contenue dans trois ouvrages qui portent tous les trois le titre de Manuels : d’où la désignation par laquelle M. Pillon aime à désigner cette première philosophie : la philosophie des Manuels. Les deux premiers de ces Manuels sont, sous leur aspect le plus extérieur, des livres d’histoire, puisque le premier, paru en 1842, retrace l’histoire de la philosophie moderne et le second, paru en 1844, l’histoire de la philosophie ancienne. Cependant, ils ne sont pas en réalité ce qu’ils paraissent être, et l’auteur a soin de nous expliquer pourquoi il les a intitulés Manuel de philosophie moderne et Manuel de philosophie ancienne, et non pas Manuel d’histoire de philosophie moderne et Manuel d’histoire de philosophie ancienne (Manuel de philosophie ancienne, Avertissement, p. VII).

Les deux premiers Manuels sont, à leur manière, non moins dogmatiques que le Manuel républicain de 1848. En effet, leur but dernier est de nous instruire sur la méthode qui convient à la philosophie. Ils traitent de la philosophie par l’histoire et ils interprètent l’histoire de la philosophie à la lumière de la philosophie. Au reste, il faut les considérer comme représentant un seul et même moment immobile de la pensée de leur auteur.

  1. Séailles, op. citat., a insisté surtout sur les différences (p. 5-7).
  2. M. l’abbé Foucher a présenté à la Faculté des Lettres de Bordeaux des thèses ayant pour sujet La jeunesse de Renouvier et sa première philosophie et la Bibliographie générale de Ch. Renouvier.