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Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/17

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grâce à laquelle il put être, comme l’ont été tous les vrais maîtres classiques, à l’exception de Fichte, un philosophe complet. Il reconnaît lui-même que les études qu’il fit pour entrer à l’École polytechnique et dans cette École « établirent chez lui une certaine assise de connaissances solides dont il n’aurait pu se passer » (Esquisse, II, pp. 358-9). Nous rencontrerons tout à l’heure ces premiers effets de la culture mathématique sur sa pensée dans la manière dont il conçoit la méthode en philosophie, dans le choix qu’il fait de la question de l’infini pour y appliquer l’effort le plus décisif de sa réflexion.

L’étude des mathématiques le conduisit à lire les leçons de son compatriote Auguste Comte[1], pendant qu’il faisait ses mathématiques spéciales, en 1833. Il devait d’ailleurs le retrouver l’année suivante comme répétiteur à l’École polytechnique. Quoiqu’il ait été plus tard l’adversaire du positivisme sur bien des points, il s’est plu à rendre une belle justice à la partie mathématique du cours de philosophie positive. Il la déclare très en avant sur les routines de l’enseignement qu’il a reçu et il ajoute que c’est à elle qu’il dut, comme beaucoup d’étudiants en mathématiques de son temps, de prendre un sérieux intérêt à des études qui auraient pu sans cela le rebuter (Critique phil., XI, 328). Mais peut-être ce témoignage ne dit-il pas encore tout ce qu’il faudrait, et il conviendrait d’y joindre, en y faisant grande attention, le passage de la Préface de la Logique (2e éd., p. XVI), où M. Renouvier reconnaît son accord avec Comte sur cette formule fondamentale qu’il n’y a que des faits et des lois. Mais, comme le prouve bien d’ailleurs le dernier texte que nous venons d’alléguer, l’influence de Comte sur Renouvier fut à longue échéance. Elle a peu agi sur les premières méditations philosophiques de notre auteur.

Il en fut tout autrement de la lecture des Principes de Descartes. Ce fut pour lui un enchantement que de retrouver la méthode mathématique appliquée aux idées. Il lut rapidement les autres ouvrages de Descartes, et ceux qui comptaient le plus

  1. Né, comme lui, à Montpellier.