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Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/18

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dans le reste de la littérature cartésienne, Spinoza, Malebranche, Leibniz, avec un petit nombre d’autres auteurs. Et comme l’Institut venait de mettre au concours l’étude de la révolution cartésienne, il composa à la hâte et dans le feu de l’enthousiasme un mémoire qui, malgré ses incorrections de style[1], obtint, sur le rapport de Damiron, une mention honorable[2], pendant que le prix était partagé entre Bordas-Demoulin et Fr. Bouillier (Esquisse, II, p. 359. Cf. Damiron, Essai sur l’histoire de la philosophie en France au xixe siècle, t. I, p. 29-41). Ce mémoire dut être très amélioré sans doute pour devenir le Manuel de philosophie moderne (Préface, X). Il n’en est pas moins vrai qu’il contenait déjà tout l’essentiel de la philosophie développée dans celui-ci, comme on le voit par le rapport de Damiron (pp. 38-39[3]).

M. Renouvier débuta donc comme écrivain philosophique par un livre tout pénétré de l’esprit de Descartes, sans doute, mais pourtant animé aussi d’un autre esprit. Nous ne voulons pas parler de la tendance systématique et organique qui se manifeste dans l’ouvrage et qui est aussi saint-simonienne que cartésienne. Il s’agit d’une influence philosophique radicalement différente de toutes celles dont nous avons parlé jusqu’à présent. Cette influence, qui est la plus considérable que M. Renouvier ait subie, nous aurons plus tard l’occasion de l’étudier mieux que nous ne pouvons et ne devons faire aujourd’hui. Mais il faut la signaler sans retard avec instance, parce qu’elle est à l’œuvre dans la Philosophie des Manuels et même assurément dans le Manuel de philosophie moderne, bien que ce soit seulement dans l’Avertissement mis en tête du Manuel de philosophie ancienne que nous la trouvions relatée (p. XII). Le témoignage est d’ail-

  1. Damiron, le rapporteur, crut avoir affaire à un étranger. Voir Le Savoureux, op. cit., p. 658, note 1.
  2. Examen critique du cartésianisme, analysé par Le Savoureux, op. cit., p. 654-658.
  3. Ibid., p. 659. « Le Manuel de philosophie moderne n’est autre chose que l’examen critique du cartésianisme », mais enrichi, ajoute Le Savoureux, par des emprunts faits à Lamennais (Esquisse d’une philosophie).