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Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/23

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moyen de réaliser les idées, nous n’avons plus évidemment, pour faire la science, la science des réalités, qu’à enchaîner méthodiquement les idées. Et pourquoi parlons-nous d’enchaînement méthodique et de méthode ? Évidemment parce que nous y voyons les moyens de découvrir la vérité et d’éviter l’erreur. Mais ce mot d’erreur, il nous faut l’employer ; cette idée d’erreur, il nous faut en rendre compte : nous ne pouvons plus parler de méthode si nous nous dispensons de cette tâche. Nous voilà arrêtés dès le début et nous allons voir combien redoutable est l’obstacle. Nous avons pris pour principe qu’il fallait transporter à l’être toutes nos idées et avant toutes, bien entendu, l’idée du vrai. Or nous venons de rencontrer l’idée d’erreur ou, si l’on aime mieux, l’idée du faux. Qu’est-ce donc que le faux ? Pouvons-nous, comme on l’a essayé, le définir par la privation, c’est-à-dire y voir un effet de la limitation, en faire un être encore, mais un être partiel ? Cette ressource nous est interdite si nous y réfléchissons bien. Car limiter, c’est nier en partie ; mais, pour nier en partie, il faut d’abord savoir ce que c’est que négation. L’idée de négation partielle est dérivée et présuppose l’idée de négation absolue. Ainsi nous sommes en face de l’idée de non-être et nous ne pouvons pas éviter de nous expliquer à son sujet. C’est une idée, disons-nous ; et, en effet, le non-être est, en ce sens qu’il est le non-être. Mais s’il en est ainsi, l’être admet en face de lui son contradictoire et il lui sert même d’attribut. Par conséquent la contradiction existe. Elle est la vie de la pensée. Elle n’est rien de moins que cela, car elle l’introduit partout. Voyez le sujet : il est un, car sans cela il cesserait d’être le centre universel auquel toute la diversité des pensées vient aboutir. Cependant, dès qu’il veut prendre la conscience de lui-même, il devient multiple, puisqu’il est objet en même temps que sujet, et de plus, rapport du sujet et de l’objet. Ajoutons que comme sujet il se subdivise, qu’il devient moi sentant, moi imaginant, moi pensant, moi voulant, etc. Il est multiple en même temps qu’il est un. D’autre part, en tant qu’il connaît, il connaît absolument et sans limites : car l’essence de la connaissance n’enveloppe point la relativité et la limitation. Pourtant, la moindre analyse nous apprend que toute connaissance est rela-