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Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/26

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subjectif ; il fait appel à la croyance pour passer de l’idée à l’être, car il a bien déjà dû tabler sur l’objectivité des idées pour prouver l’existence de Dieu ; enfin, il a su recueillir dans son système les grandes contradictions dont la pensée est faite. Ses disciples directs, les cartésiens, n’ont pas la même largeur d’esprit que lui, et d’ailleurs, d’une manière générale, les penseurs qui paraissent entre lui et Kant ne savent recueillir qu’une partie de son héritage, et il faut les réunir pour trouver la totalité de cet héritage dispersé. Dans l’école cartésienne, Spinoza développe le seul côté objectif et réaliste de la doctrine, Malebranche, en revanche, développe avec prédilection l’autre côté, le côté du sujet. Leibniz, génie plus vaste que l’un et l’autre, concilie les deux côtés. La monade jouera un grand rôle dans l’esquisse de la philosophie que M. Renouvier entrevoit. Locke, Berkeley et Hume prennent le contre-pied de Descartes, puisqu’ils sont sensualistes, mais ils ne laissent pas de rejoindre la pensée cartésienne, parce qu’on aboutit au même résultat en se demandant si aux idées correspondent des choses ou bien, au contraire, si les choses réussissent exactement à se faire représenter en nous. Kant attaque à tort la méthode géométrique cartésienne, mais il rend l’empirisme à jamais impossible par sa théorie des formes de la sensibilité et des catégories ; il donne, bien qu’un peu malgré lui, une force nouvelle à l’idéalisme subjectif ; il voit mieux que qui que ce soit la part à faire à la croyance dans l’établissement de la philosophie, lui qui a écrit qu’il avait dû abolir la science pour faire place à la foi. Enfin, c’est lui qui a dégagé et proclamé sous le nom d’antinomies les contradictions essentielles à la raison. Fichte (à qui M. Renouvier — il aurait pu le remarquer — emprunte en somme sa définition de la philosophie), Fichte est trop exclusivement idéaliste, comme, de son côté, Schelling est trop réaliste. Heureusement, Hegel survient pour présenter la philosophie dans son intégrité. Sa méthode est irréprochable, et il donne au système des contradictions de la pensée tout le développement désirable. C’est à lui qu’aboutit tout le mouvement inauguré par Descartes. (Manuel de philosophie moderne, 390-410, 358-364).

Faut-il maintenant reproduire dans le détail l’exposé de la