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Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/31

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d’accepter l’idée d’un développement unilinéaire et dans la netteté avec laquelle il y substitue celle d’une pluralité de développements dont chacun a une origine indépendante et dont les rencontres ultérieures ont quelque chose d’accidentel (ibid. p. 18).

La morale dans les Manuels de philosophie

Peut-être l’esprit contingentiste et libertiste s’est-il fait jour plus largement dans cette conception de l’histoire que dans la morale telle que la comprenait à la même époque M. Renouvier. Toutefois il a sa place, bien entendu, dans cette morale aussi. Elle se présente expressément comme une conciliation de la liberté et de la nécessité du moins dans l’esquisse que contient le Manuel de philosophie ancienne (438-442) et étant donnée la manière dont l’auteur entend la combinaison des contraires, on doit compter que, pour si sacrifiée que doive être la liberté, il en reste bien quelque chose. Voici en substance la petite esquisse du premier Manuel. D’une part la moralité implique l’idée d’un ordre dans lequel l’individu doit faire entrer ses actions, d’une nécessité, par conséquent, avec laquelle il doit compter. Pour définir ce facteur de la moralité M. Renouvier emprunte une formule de Wolf : « Agis toujours de telle sorte que ton action puisse être regardée comme comprise dans la série des choses naturelles ordonnées par Dieu et travaille à faire entrer toi-même et autrui dans ces lois. » D’autre part, cette règle de perfection doit aussi être considérée comme intérieure, comme dérivant spontanément de la nature de chaque homme, comme étant pour lui, en un mot, un objet de libre amour. Peut-être pourrions-nous dire, pour résumer la pensée de M. Renouvier, que la moralité c’est l’ordre rationnel du monde voulu par nous et fait nôtre. Si cela est assez stoïcien et spinoziste, par conséquent assez déterministe, il reste pourtant que l’accent est mis sur le rôle du sujet autant que sur celui de l’objet, égalité d’importance qui ne se voyait ni chez les Stoïciens ni surtout chez Spinoza. Tel est donc avec ses deux pôles, le principe de la moralité. Pour tout ce qui est secondaire la moralité est quelque