Aller au contenu

Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

impossible de se passer de la nécessité ni de la liberté et qu’il faut admettre l’une et l’autre. Mais, d’abord, sans que la notion de liberté soit bien tirée au clair et distinguée de la spontanéité intelligente, on la trouve, plus nettement encore que dans le Manuel, caractérisée par la contingence, par l’égale possibilité de faire ou de ne pas faire. Et puis, ensuite et surtout, deux points importants sont à signaler. Le premier est le rapport de la liberté avec la vérité et l’erreur. M. Renouvier, pour la première fois peut-être, en tous cas très clairement, indique que, dans l’hypothèse de la pure nécessité, le sujet qui juge ne pourrait songer à distinguer la vérité de l’erreur (p. 208a haut). Le second point est relatif à l’acceptation simultanée des deux contradictoires pour résoudre l’antinomie de la liberté et de la nécessité, et en général toutes les antinomies. Tandis que le Manuel de philosophie moderne nous disait : « La foi pose les contraires dans le monde réel objectif » (table analytique, p. XXXI), ici (p. 208a vers le bas) M. Renouvier s’efforce de distinguer entre les aspects contraires, les idées contraires qui s’excluent, qui doivent s’exclure dans l’intelligence, et l’être dont nous n’apercevons que des aspects, mais qui n’est pas en lui-même fait d’aspects ni par conséquent de contradictoires. Cette distinction sera reprise dans l’article Panthéisme (282b) et dans l’article Philosophie (543b en bas). Quoi qu’elle vaille, quelque incompatible que soit l’agnosticisme qu’elle implique, avec la méthode des idées, elle montre que la conscience logique de l’auteur n’est pas tranquille, qu’il a toujours du respect pour le principe de contradiction et que, en attendant le moment de donner à ce principe pleine satisfaction, il se détache peu à peu du pseudo-hégélianisme qui l’avait d’abord enthousiasmé. Il ne faut peut-être chercher rien de nouveau mais seulement une expression plus nette des idées du Manuel de philosophie moderne dans l’article Panthéisme. C’est toujours la déification du monde et la déification de l’homme qui s’opposent. Toutefois, la cause du sujet, de l’individualité, tant en nous qu’en Dieu est vigoureusement prise en mains. Le panthéisme a raison d’affirmer la liaison de tout, mais il faut aussi admettre l’indépendance de tout, l’individualité. Nous sommes de réels individus. Dieu en est un aussi et dans le sens