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Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/40

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lumineuse sur le rapport intime entre l’individualité et la certitude (512b bas), « quiconque admet l’individualité réelle doit renoncer à la fausse certitude et professer la croyance » ; enfin en prenant le cas particulier du cogito de Descartes et en s’inspirant de Maine de Biran, M. Renouvier fait ressortir de la manière la plus frappante sa distinction de ce qui est idée et phénomène d’avec ce qui est être : dans « je pense, donc je suis », le premier je est une apparence, une idée, le second est une réalité, un être.

À la page 515 commence, pour finir à la page 527, une partie de l’article qui n’est rien moins qu’une ébauche du premier et, même dans une plus faible mesure, du second des Essais de critique générale. Cette partie mérite d’être suivie de près. Elle est consacrée, sous le titre de logique, à ce moment de la connaissance qui précède l’ontologie et dont l’auteur fait bien saisir le caractère en donnant pour synonyme au mot de logique celui de psychologie et de préférence celui de phénoménologie de l’esprit. Par définition cette logique est idéaliste, elle est aussi empirique : car elle énonce et classe, sans pouvoir faire plus et sans comporter d’autre confirmation que l’adhésion de ceux qui se reconnaissent en elle, les éléments de l’esprit. Il y a dans l’homme, comme nous l’avons déjà vu ailleurs, trois facultés, mais elles forment un tout dans la réalité, et le tout, ou l’homme, ne se laisse pas scinder. Les trois facultés interviennent dans tout acte, par exemple et notamment dans celui de juger quoique le jugement soit assurément affaire d’intelligence, « on ne juge pas sans affirmer ; on n’affirme pas sans volonté et sans attrait » (517b haut). Il faut commencer par étudier l’intelligence en raison de son importance prépondérante pour l’ontologie dont elle contient toute la matière sous le nom d’idées. Dans l’intelligence, c’est à la sensibilité qu’il faut s’attacher d’abord, parce que les premiers phénomènes qui frappent l’homme sont les phénomènes sensibles. La sensibilité est soumise à une condition préalable sans laquelle il n’y aurait pas d’extériorité, cette condition qu’il faut appeler, avec Kant, une forme de la sensibilité, c’est l’espace qui peut d’ailleurs ontologiquement être encore quelque chose de plus qu’une forme subjective, mais peu importe. Le