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Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/41

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temps est aussi une condition sans laquelle certains phénomènes ne peuvent être donnés, et il est, de ce chef, une forme lui aussi. Mais ce n’est plus une forme de la sensibilité à proprement parler, c’est plutôt une forme de la pensée, car c’est la forme des phénomènes subjectifs : or là où le sujet joue un rôle prépondérant, il y a forcément conscience très accusée, conscience claire, c’est-à-dire, en d’autres termes, pensée. Sous la forme de l’espace s’exercent la sensation et l’imagination reproductive ; sous la forme du temps, la conscience et la mémoire qui, non contente de reproduire, reconnaît. — Le temps, avons-nous dit, nous fait passer de la sensibilité à la pensée ; la pensée ou entendement a quatre fonctions : l’attention et la comparaison, l’abstraction et l’universalisation, la conception, le jugement. L’entendement, comme la sensibilité, a aussi des formes que Kant a appelées catégories. Mais il n’y a pas seulement des catégories de l’intelligence pure : toutefois c’est par celles-ci qu’il faut commencer. Kant a pensé avec raison qu’il trouverait les concepts sous les jugements et qu’il fallait partir d’une classification des jugements. Mais il n’a pas remarqué qu’il y a des concepts qui sont dans tous les jugements ce sont les concepts de relation et d’identité ou de contrariété. Il a donc eu tort de compter à part des jugements de relation et de vouloir trouver dans ces jugements des catégories spéciales. Passant aux jugements spéciaux il a mal fait correspondre aux jugements généraux, particuliers, etc., la quantité, car c’est le nombre seul qui satisferait à une telle correspondance, et il a non moins mal fait correspondre la qualité aux jugements affirmatifs, négatifs, etc. Enfin son tort le plus grave a été de prendre la causalité pour une catégorie de l’intelligence pure. Voici comment il fallait mener l’étude des catégories de l’intelligence. Dans tout jugement complet il entre trois conceptions : celles d’un sujet, d’un attribut, et de leur rapport. On peut affirmer ou nier l’attribut du sujet ou encore poser l’attribution sous certaine limite : aux jugements affirmatifs, négatifs et limitatifs ainsi dégagés correspondent les idées d’augmentation, de diminution et de grandeur. On peut poser le rapport du prédicat au sujet comme singulier, pluriel et universel : aux jugements singuliers, particuliers, uni-