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Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/47

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oppose, nous dit-il, une fin de non-recevoir à la question du libre arbitre parce qu’on ne saurait ni la résoudre ni même la traiter sans supposer une distinction réelle entre les trois facultés de l’âme, sans séparer la volonté (555a). Rien ne ressemble moins à la doctrine que nous trouverons développée dans le second Essai et, bien avant la date de cet ouvrage, très formellement arrêtée. C’est sur deux autres points principalement que l’article Philosophie ouvre, à propos des choses pratiques, la voie qui demeurera celle de l’auteur. D’abord, comme le rappelle l’Esquisse d’une classification (II, p. 370), nous assistons à un effort pour soustraire les notions morales à la domination de la métaphysique, pour les prendre en elles-mêmes, comme des réalités qui ont le droit de compter autant que les exigences de la raison théorique. Il n’appartient pas à une théorie métaphysique comme celle de la liberté d’indifférence de s’attribuer comme un monopole le pouvoir de rendre possible le mérite moral. On croira volontiers que ni l’honnêteté pratique, ni, qui plus est, la moralité spéculative, si l’on peut ainsi parler, n’ont fait défaut aux nombreux philosophes défenseurs de la nécessité morale ; que, par conséquent, « l’idée du mérite n’est nullement liée aux subtilités de la question la plus longtemps et la plus vainement controversée du monde » (555b milieu). Après ce positivisme moral et comme en fournissant une autre expression, il faut signaler la préférence très marquée que M. Renouvier accorde à ceux des attributs de Dieu qui font de lui une personne et la dépréciation que subissent par contre de la manière la plus expresse les attributs métaphysiques. Le caractère éminent de l’être conçu dans sa perfection est la personnalité (542b milieu). Il est possible, en un sens, d’ « aborder Dieu sans métaphysique », de chercher son absolue perfection dans cette face de lui-même par laquelle il regarde notre monde, dans la justice et dans la bonté, non dans les idées mathématiques de l’immutabilité et de l’identité. « De telles idées demeurent sans appui dans l’intelligence où elles ne représentent que des négations et des mots. » Nos catégories sont faites pour le relatif et le fini : une perfection vraiment et positivement saisissable est pour nous inséparable du fini (544b, 545a, 533a et b). Enfin à côté