Aller au contenu

Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des deux points capitaux sur lesquels nous venons de nous arrêter, il en est un troisième où s’accuse aussi, bien qu’avec moins d’insistance, le moralisme naissant de M. Renouvier. Nous voulons parler de ses réflexions sur la destinée des êtres et l’immortalité. D’une part c’est déjà en leur donnant une couleur surtout morale qu’il expose, touchant la préexistence et la métaphysique, les révolutions du monde, les épreuves infligées aux êtres sentants, y compris les animaux, des idées auxquelles il reviendra plus tard et qui, du reste, assez attendues chez un ami de J. Reynaud, ne sont pas toutes exclusivement propres à l’article Philosophie (549a et b, 550b en haut). D’autre part, sur la question spéciale de l’immortalité, il professe en termes assez exprès que ce qui nous intéresse ce n’est pas la permanence de la substance âme, mais la conservation de la personne : en un mot non l’immortalité métaphysique, mais l’immortalité morale.

Tout ce moralisme est sûrement une promesse pour plus tard. N’oublions pas toutefois qu’il est, dans ce qu’il y a de plus essentiel, tout différent de celui que M. Renouvier embrassera à la suite de Kant : car, comme le rappelle l’Esquisse d’une classification, II, p. 371 : « L’amour du bien, la foi au bien lui tenaient lieu des impératifs moraux » (voy. article Philosophie, 556a en bas, 557a et 524a assez bas). Quelque significatif que soit d’ailleurs le moralisme de l’article Philosophie, il ne l’est peut-être pas autant que les diverses propositions ou velléités théoriques sur lesquelles nous avons appelé l’attention en les extrayant de la partie préliminaire et méthodique de cet article, de sa partie ontologique et surtout de sa partie phénoménologique. Dans la première nous avons vu la certitude rattachée à la personnalité par une formule qui ne sera pas dépassée ; dans la seconde nous avons vu la doctrine de l’union des contradictoires au sein de l’être continuer de décliner jusqu’à se perdre dans l’agnosticisme et, par conséquent, jusqu’à disparaître au profit d’un phénoménisme et d’un relativisme de la connaissance qui nous acheminent vers le phénoménisme et le relativisme radicaux des Essais, sans compter que ces deux attitudes radicales sont déjà fortement marquées dans la doctrine de l’harmonie des êtres ; et en même temps nous avons constaté l’apparition de cette idée