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introduction générale

qu’il n’aurait pas pu prévenir. Il sera plus modéré, et plus froid ; dans cette circonstance comme dans toutes les autres, il sera à même d’agir avec plus de circonspection que l’État offenseur. L’orgueil des États, comme celui des hommes, les porte à justifier toutes leurs actions ; il les empêche de reconnaître, de corriger ou de réparer leurs erreurs et leurs offenses. Le Gouvernement national sera, dans tous les cas, à l’abri de cet orgueil ; il procédera avec modération et impartialité à la recherche des moyens les plus propres à faire disparaître les difficultés qui auront pu s’élever.

En outre, tout le monde sait qu’une nation, puissante par son Union, peut faire agréer des explications et des satisfactions qui seraient rejetées comme insuffisantes, si elles émanaient d’un État ou d’une Confédération de faible importance et de puissance minime.

En 1685, les Génois, ayant offensé Louis XIV, s’efforcèrent de l’apaiser. Il exigea d’eux qu’ils envoyassent en France leur Doge ou principal Magistrat, accompagné de quatre sénateurs, pour implorer son pardon et en recevoir ses conditions. Ils se soumirent pour conserver la paix. Louis XIV aurait-il jamais exigé ou obtenu une pareille humiliation de l’Espagne, de l’Angleterre, ou de toute autre nation puissante ?

Publius.