Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/191

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inonder le pays, le fleuve japonais ennemi, fait d’un flot ininterrompu d’hommes. Les Japonais envahissaient la Corée comme des ennemis, levant le tribut ; ils venaient comme des alliés contre la Chine ; ils apparaissaient comme les envoyés d’un État ami, et s’en retournaient riches à la cour de leur souverain. Poussés par des sentiments de miséricorde, ils envoyèrent des navires remplis de grain à Fusan, alors que leurs voisins étaient en proie à la famine. Entre le Japon et Fusan, les navires allaient et venaient continuellement. Autour de ce débouché, l’unique porte ouverte sur la partie méridionale du royaume, l’important commerce d’aujourd’hui entre les deux pays est sorti d’un échange intermittent de denrées.

Pendant les années qui suivirent les premières arrivées, le Japon se trouva tellement embarrassé par des troubles intérieurs, que le royaume de Corée jouit d’une paix et d’un isolement qu’il avait toujours préférés, mais qu’il avait été difficile de s’assurer. Cet heureux état de choses dura deux siècles. À la fin de cette période, la cour de Corée n’envoyait plus son ambassade annuelle au Japon. Le royaume en général, bercé d’espérances de paix perpétuelle, n’entretenait plus ses moyens de défense. On négligeait les préparatifs militaires ; l’armée était désorganisée ; l’ancien esprit combatif du peuple se mourait, et la milice ne s’entraînait plus par des exercices. La dissipation et le libertinage régnaient partout. Pendant ce temps, l’ordre était rétabli au Japon, et ses soldats songeaient de nouveau aux conquêtes et aux exploits. On rappela à la Corée son état de vassale ; le roi reçut l’ordre de renouveler son acte d’obéissance. La réponse étant peu satisfaisante, on fit aussitôt des préparatifs pour une invasion. La flotte se réunit et les vaisseaux mirent à la voile. La mobilité qui