à Chang-an-sa contenait l’Autel des Trois Bouddhas. L’édifice était vaste et imposant. Une large véranda l’entourait, des piliers en bois de teck soutenaient le toit massif ; et des tableaux allégoriques illustrant des incidents de la vie de Bouddha, décoraient les murs. Des tapis de papier gommé couvraient le plancher ; une nappe en soie, richement brodée, de petites nattes, des vases d’encens en bronze et des candélabres de cuivre, ornaient l’autel, au centre duquel siégeait une grande figure dorée des Trois Bouddhas. Tous les soirs, au coucher du soleil, les moines qui officiaient dans ce temple plaçaient des vases contenant du riz, du miel et des gâteaux de graines de pin sur l’autel, et allumaient les petites lampes et les candélabres. Les prières n’étaient pas toujours dites et les offices n’étaient pas toujours les mêmes, le nombre des moines variant toutes les nuits suivant le caractère de chaque office. Après le service, beaucoup s’approchaient de nous, intéressés par notre petit campement. Ils se réunissaient autour de la cuisine ; ils aidaient l’interprète à préparer les plats et ils les goûtaient. Ils maniaient avec étonnement nos ustensiles de cuisine et notre coutellerie de voyageurs. Parfois, leur familiarité croissante établissant une sorte d’intimité entre nous, les moines nous faisaient voir les boutons de leurs vêtements et leurs coupes à aumônes, nous demandant d’accepter des exemplaires de leurs livres en échange de photographies de leurs temples. Les mystères de l’appareil photographique les enchantaient, le seul aspect d’un fusil de chasse leur mettait l’angoisse au cœur, et ils n’étaient jamais fatigués de se balancer dans mon lit de camp.
Avant que notre camp fût transporté de Chang-an-sa à Yu-chom-sa, une solide amitié, créée par maintes