Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/370

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

complète. Les marchands me fatiguaient de leur importunité ; ils se pressaient à l’intérieur de l’hôtel comme des moutons bêlants dans un parc, et ce que je trouvai de mieux pour me débarrasser du fléau de leurs sollicitations fut de leur administrer quelques solides coups de pied. Ils acceptèrent le traitement de très bonne grâce et se retirèrent dans la cour, où, par moments, dans la journée, j’entendais une voix plaintive suppliant Son Altesse de venir examiner les trésors de son esclave. Mais Son Altesse avait déjà fait son choix.

L’atmosphère, à Séoul, pendant ces chaudes journées, était atroce ; l’air était chargé de miasmes mal odorants, il faisait lourd pendant le jour et humide pendant la nuit. Par suite de la chaleur étouffante de la capitale, il était sage de partir immédiatement, et je hâtai mon exode, me sentant un peu de fièvre et de mal à la gorge. Je recommençai l’interminable besogne de me procurer des domestiques, des guides et des chevaux, et enfin je pus fixer le jour exact de mon départ. La perspective était attirante — un voyage de Séoul à Vladivostock, environ huit cents milles à parcourir à travers une région sauvage et déserte. Une grande partie de cette région était inexplorée. C’était là une occasion unique dans la vie, et, en m’embarquant pour cette expédition, j’étais très heureux. J’avais fait mes derniers adieux et mes dernières visites — (je n’oublierai jamais l’aimable hospitalité de Séoul). Le jour du départ était arrivé, les chevaux piaffaient dans la cour.

Mes effets, mes fusils, mon lit de camp, ma tente et mes provisions étaient empaquetés, cordés et chargés sur les chevaux ; j’avais réglé mon compte à l’hôtel, quand mon interprète vint tranquillement me dire que mes domestiques s’étaient mis en grève, demandant, pour chacun, dix