Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/125

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de Villenour avec quarante-quatre aldées qui en dépendent, et dont le revenu formera, avec le temps, un objet de plus de 20,000 pagodes de rente ; il ne monte actuellement qu’à 14,000 ou 15,000 pagodes. La fuite de la plupart des habitants, occasionnée par les vexations du gouvernement maure, l’a réduit à ce modique revenu. »

Chanda-Saïb, avec son instinct de la guerre, décida Mousafer-Singue à s’avancer vers Arcate, capitale du Carnate. D’Autheuil rejoignit, à environ dix lieues de cette ville, les troupes des deux nababs, fortes d’environ douze mille hommes. « Mousafer-Singue, qui n’avait jamais vu de troupes européennes et qui ne connaissait des Français que ce que la renommée en avait publié, se crut perdu en voyant si peu de monde et une si faible artillerie. Il ne s’imaginait pas que cette poignée de soldats pût le tirer d’affaire. Chanda-Saïb, qui connaissait la nation, tâcha de le rassurer, mais il n’y avait qu’une victoire qui pût nous donner du crédit auprès de ce prince ; elle ne tarda pas. » Les reconnaissances apprirent bientôt qu’Anaverdikan avait établi son armée proche le village d’Ambour, derrière un ruisseau dont les eaux s’épandaient dans la plaine en formant des marécages. Le camp s’appuyait sur une montagne inaccessible. Anaverdikan s’était fortement retranché. Le front qui longeait le ruisseau était bordé de tranchées et d’épaulements garnis d’une nombreuse artillerie, que dirigeaient des aventuriers européens.

La force de ces positions n’intimida pas les Français, placés au poste d’honneur, à l’avant-garde, face à l’ennemi. Leur ardeur était extrême. Et puis Dupleix, informé des dispositions prises par Anaverdikan, n’en