Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/148

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valerie était massée dans les intervalles. Aux premières salves de notre artillerie, l’ennemi sortit en désordre des ouvrages. D’Autheuil saisit le moment ; il cria à ses soldats : « Qui m’aime, me suive ! » et entraînant tout son monde à l’assaut, protégé par le tir des canons, il entra comme un coin dans l’armée ennemie. À la gauche, Bussy, quoique gêné par une inondation artificielle, était aussi heureux. Dès lors toute la ligne ennemie plia ; l’infanterie indienne se jeta dans la rivière. Quelques volées de canon suffirent pour dissiper la cavalerie de Méhémet-Ali. On prit trente canons et deux mortiers ; nos pertes se montaient à quatre blancs blessés et dix-huit noirs tués. L’ennemi avait perdu près de quinze cents hommes. Méhémet-Ali s’était enfui au début de la bataille, en criant que c’en était fait de lui et de ses soldats. Cependant Naser-Singue chassait dans les forêts qui entourent Arcate.

Dupleix attendait impatiemment le résultat de la manœuvre qu’il avait prescrite. Il avait déjà oublié la mauvaise humeur inspirée par les lenteurs de d’Autheuil ; à l’annonce de la victoire, il éprouva une véritable allégresse. « Honneur, gloire et salut à la divine Providence et à vous, écrivait-il à d’Autheuil, dans l’élan de son enthousiasme. Les nouvelles que je reçois de tous côtés m’annoncent un grand succès ; j’en attends les détails avec une vive impatience. Je vous embrasse. J’embrasse La Touche, Bussy, Puymorin et tous vos braves officiers. La joie de ma femme est comme la mienne, sans réserve. » Il se voyait déjà en possession du Carnate tout entier ; il échafaudait tout un système d’opérations rapides et terribles. La ba-