Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/252

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La cause de la France semblait encore une fois perdue. Les Anglais et les hordes de Méhémet-Ali-Kan ravageaient le territoire de la Compagnie, saccageant tout ; ils brûlaient entièrement Villenour, où l’on avait rassemblé à grands frais plus de douze cents familles de tisserands. On voyait l’incendie du haut des remparts de Pondichéry, et l’on en était réduit à se tenir coi et renfermé ! Naude-Rajah, en apprenant l’invasion de Gazendi-Kan, avait arrêté brusquement son évolution vers Dupleix, tout en restant devant Trichinapaly. L’argent manquait tout à fait au gouverneur. Les lettres reçues de la métropole faisaient une peinture alarmante de la disposition des esprits à Versailles et à Paris. Le conseil, d’accord avec l’opinion, préférait la paix à des conquêtes, et redoutait que l’extension du territoire de la Compagnie ne fût la cause d’interventions répétées dans les guerres des princes indiens. Il désirait n’être mêlé en rien dans ces luttes, et ne voulait pas que la Compagnie devînt une puissance politique de l’Inde. Le programme des directeurs pouvait se résumer ainsi : point de victoires, point de conquêtes, beaucoup de marchandises et quelque augmentation de dividende. Le dividende ! c’était là pour le public, en général, la pierre de touche pour juger du mérite des opérations de l’Inde. On ne comprenait rien aux projets de Dupleix. Il n’entrait dans la tête de personne qu’on pût fonder un empire français dans l’Inde. Quel effet la nouvelle du désastre de Trichinapaly allait exercer sur l’esprit timoré des directeurs, sur l’opinion à Paris et à Versailles !

Deux lettres des directeurs, datées du 1er février 1752, ne laissèrent à Dupleix aucun doute sur les dispositions