Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/318

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Si sa conduite fut odieuse envers Dupleix, elle fut sotte en politique. Il se montra, dans les négociations et dans la guerre, le plus médiocre des incapables, reflétant toutes les étroitesses, les pusillanimités, les routines du conseil des directeurs. Il n’avait qu’une ambition, bouleverser l’œuvre de son prédécesseur, à laquelle il ne comprenait rien et qui lui apparaissait comme un entassement de chimères. Ses instructions étaient à la hauteur de son intelligence. Elles méritent d’être citées comme un monument d’aveuglement politique.

« Un des principaux objets de la mission de M. Godeheu, disaient le ministre et le comité secret de la Compagnie, est la pacification des troubles de l’Inde et l’arrangement des concessions et établissements tant anciens que nouveaux. Le comité est intimement convaincu de deux vérités : la première est que la Compagnie ne doit point devenir puissance de terre, par des possessions trop étendues et trop difficiles à garder et à défendre ; la deuxième est que la guerre est toujours un mal, qu’on ne doit s’y livrer que pour en éviter un plus grand, et que la paix, en général, est l’âme du commerce.

« L’intérêt de la Compagnie est de se faire respecter, mais non pas de se faire redouter, ni d’intervenir dans toutes les querelles du pays ; ce serait le moyen de la rendre odieuse et de la constituer dans des dépenses capables de ruiner son commerce : son but doit être de pouvoir solidement à la sûreté de ses établissements, de ne les multiplier ni de les étendre qu’autant que la sûreté de ses comptoirs et l’extension de son commerce pourront l’exiger…