Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/338

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atteint déjà par la maladie qui l’emporta. Il n’en put lire toutes les épreuves. « J’ai sacrifié, disait-il dans ce mémoire, ma jeunesse, ma fortune, ma vie, pour enrichir ma nation en Asie. D’infortunés amis, de trop faibles parents consacrèrent leurs biens au succès de mes projets. Ils sont maintenant dans la misère et le besoin. Je me suis soumis à toutes les formes judiciaires ; j’ai demandé comme le dernier des créanciers ce qui m’est dû. Mes services sont traités de fables ; ma demande est dénoncée comme ridicule ; je suis traité comme l’être le plus vil du genre humain. Je suis dans la plus déplorable indigence ; la petite propriété qui me restait vient d’être saisie ; je suis contraint de demander une sentence de délai pour éviter d’être traîné en prison. » Quelques jours après la publication de cette plainte suprême, Dupleix entra en agonie. Il mourut dans la nuit du 10 au 11 novembre 1763.

Sa veuve, pour sauvegarder les droits de sa fille et recueillir quelques débris de la succession, était obligée de requérir l’assistance d’un commissaire au Châtelet afin de procéder à un récolement. L’homme de loi se transportait rue Neuve-des-Capucines dans la maison occupée par Dupleix, et là, après les déclarations et les formalités d’usage, il entra « dans une salle du rez-de-chaussée, ayant vue sur une cour, qui était la chambre à coucher dudit sieur Dupleix », pour emprunter les termes mêmes de l’acte, et il aperçut « étendu sur son lit à bas piliers, un corps mort, masculin, que l’on lui dit être celui de Dupleix ».

Le commissaire du Châtelet passa ensuite à la « description des meubles et effets étant en évidence dans la