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ils s’en aperçurent bientôt et ne poursuivirent ; mais je renversai le premier qui s’approcha. J’avais tout le village à mes trousses ; je parvins cependant à gagner la mer et à arriver jusqu’au bateau. Quand je voulus y entrer, les matelots me repoussèrent, en disant que, s’ils m’emmenaient malgré les sauvages, ceux-ci se soulèveraient contre eux et deviendraient leurs ennemis. Je fus donc obligé de retourner vers la terre, et je vis que Dieu ne voulait pas encore finir mes misères. Cependant, si je n’avais pas tenté de m’échapper, j’aurais pensé plus tard que je souffrais par ma faute.

Quand les Indiens me virent me diriger de nouveau vers la terre, ils s’écrièrent, d’un air joyeux : « Le voilà qui revient. » Je leur dis alors d’un ton irrité : « Croyez-vous donc que je voulais m’échapper ? Non. J’ai été prévenir mes compatriotes de préparer beaucoup de marchandises, afin que vous me conduisiez vers eux quand la guerre serait finie. » Cela leur fit plaisir et les apaisa.


Les Indiens se mettent en campagne et m’emmènent avec eux — Ce qui arriva pendant la marche.
CHAPITRE XLI.

Quatre jours après, les canots qui devaient prendre part à l’expédition commencèrent à se rassembler dans le village où j’étais. Le principal roi, Konyan Bebe, arriva aussi avec les siens. Mon maitre m’annonça qu’il voulait m’emmener. Je le priai de me laisser au village, et il ÿ aurait consenti ; mais Konyan Bebe lui ordonna de m’emmener.