Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/123

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et nous eûmes si bon vent, que les marins prétendaient que le ciel protégeait visiblement notre voyage. Mais Dieu fit encore un autre miracle en notre faveur.

La veille de Noël, nous vîmes nager autour du vaisseau une espèce de poisson qu’on appelle marsouin ; et nous en prîmes un si grand nombre, que nous en eûmes en abondance pendant plusieurs jours. Dieu nous fit la même grâce le jour des Rois, car nous n’avions presque rien à manger que ce qu’il nous envoyait ainsi.

Enfin, le 22 février 1555, nous arrivâmes au royaume de France, dans une petite ville, nommée Honfleur, en Normandie, après avoir été quatre mois sans voir la terre. Je les aidai à décharger le vaisseau ; et, quand nous eûmes fini, je les remerciai de tout le bien qu’ils m’avaient fait. Le capitaine aurait désiré que je fisse encore un voyage avec lui ; mais, voyant que je ne voulais pas y consentir, il me fit avoir un passe-port de M. l’amiral, gouverneur de la Normandie. Celui-ci, qui avait déjà entendu parler de moi, me fit venir et m’en expédia un. Le capitaine me donna quelqu’argent pour ma route. J’allai de Honfleur à Habelnoeff (le Havre-Neuf), et de là à Depen (Dieppe).


Comment on me conduisit à Dieppe dans la maison du capitaine de la Belette, qui avait quitté le Brésil avant nous et n’était pas encore arrivé.
CHAPITRE LIII.