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Abbati Bossange, mon dernier maître, de qui les Français me rachetèrent, en avait un très-grand nombre. Cependant celle qu’il avait épousée la première était au-dessus des autres ; chacune avait sa place dans la cabane, son foyer et ses racines ; et celle avec qui il vivait dans le moment lui préparait son repas.

Les garçons vont à la chasse dans un âge très-tendre : chacun rapporte à sa mère ce qu’il a tué. Elle le fait cuire, et le partage avec les autres ; car toutes les femmes vivent fort bien entre elles. Ils ont l’habitude de se donner les uns aux autres les femmes dont ils ne veulent plus. Ils en usent de même à l’égard de leurs filles ou de leurs sœurs.


De leurs fiançailles.
CHAPITRE XIX.

Ils fiancent leurs filles dès leur bas âge. Aussitôt qu’elles sont nubiles, ils leur coupent les cheveux, leur font de larges entailles dans le dos, et leur attachent autour du cou des dents d’animaux sauvages. Ils mettent une couleur noire dans les plaies, de sorte que la marque des cicatrices reste toujours. Ce qu’ils regardent comme un honneur.

Quand les plaies sont fermées et les cheveux repoussés, ils remettent la femme à son fiancé sans autres cérémonies. Les époux observent une certaine pudeur, et ne consomment le mariage qu’en secret.

J’ai vu un chef aller le matin dans toutes les cabanes, et faire aux jeunes garçons une entaille à la jambe