Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/26

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Il y en avait de grands que les matelots appellent albatores ; d autres, plus petits, qu’on nomme bonites et dorades. On en voyait aussi, de la grandeur des harengs, qui des deux côtés ont des ailes comme celles des chauves-souris : les grands leur donnent la chasse. Quand ils sont poursuivis de trop près, ils s’élèvent au-dessus de l’eau à la hauteur d’environ deux brasses, volent ainsi presqu’à perte de vue, et replongent ensuite dans l’eau. Souvent nous en trouvions le matin quelques-uns qui étaient tombés sur le pont pendant la nuit. On les nomme, en portugais, pisce bolador (peixes voadores, poissons volants).

Nous arrivâmes bientôt à la hauteur de la ligne équinoxiale, où nous éprouvâmes de grandes chaleurs, car le soleil donnait d’aplomb sur nos têtes.

L’orage et les vents contraires durèrent si longtemps, que nous commençâmes à craindre de manquer de vivres. Une nuit, que la tempête était très-violente, j’aperçus sur le vaisseau des flammes bleues, comme je n’en avais jamais vu, particulièrement sur l’avant, là où les vagues avaient frappé. Les Portugais disaient que c’était un signe de beau temps, et que Dieu l’envoyait pour nous réconforter dans le péril. C’est pourquoi nous nous empressâmes de l’en remercier ; mais elles disparurent bientôt. On nomme ces lumières : Sante-Elmo ou Corpus-Santon (le feu Saint-Elme).