Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/31

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Non-seulement ils avaient placé des arbres en travers du fleuve et s’étaient postés sur les deux rives, mais ils en avaient coupé deux par le pied, de manière à ce qu’ils fussent prêts à tomber, et ils avaient attaché au sommet des plantes nommées sippos, qui croissent comme le houblon, mais qui sont beaucoup plus fortes ; l’autre extrémité de ces plantes était dans leur forteresse, et l’intention des Indiens était de les tirer au moment où nous passerions, et de faire tomber les arbres sur nos embarcations. Nous forçâmes le passage ; un des deux arbres tomba sur les fortifications, l’autre, derrière notre barque. Quand nous voulûmes rompre les digues, nous appelâmes nos camarades pour venir nous aider ; mais les sauvages se mirent aussi à crier pour les empêcher de nous entendre. Un petit bois nous cachait, ce qui ne permettait pas aux nôtres de s’apercevoir de notre arrivée ; cependant nous étions assez près d’eux pour qu’ils pussent nous entendre, si les sauvages ne les en avaient empêchés par leurs cris.

Les naturels, voyant que nous étions entrés dans le fort avec les vivres, et qu’ils ne pouvaient rien faire contre nous, demandèrent la paix et se retirèrent. Le siége dura près d’un mois, et plusieurs des leurs furent tués, mais aucun chrétien ne périt.

Ayant fait la paix avec les sauvages, nous retournâmes à notre vaisseau, qui se trouvait à Marin. Nous y primes de l’eau ainsi qu’une provision de racine de manioc ; et le commandant nous fit ses remerciments des secours que nous avions portés à Garasu.


Comment nous allâmes de Prannenbuske au pays des Buttagaris, où nous trouvâmes un vaisseau français avec lequel nous combattîmes.
CHAPITRE V.