et ceux qui montaient la petite embarcation que nous avions aperçue s’étaient enfuis, parce qu’ils nous avaient pris pour des Français.
Leur ayant demandé où se trouvait l’île de Sainte-Catherine où nous voulions aller, ils nous répondirent qu’elle était à trente milles plus au sud. Une nation sauvage, appelée Carios, dont nous devions nous méfier, l’habitait, disaient-ils, et les naturels du port où nous nous trouvions se nommaient Tuppin-Ikins, ils étaient amis des Portugais ; c’est pourquoi nous pouvions être sans crainte.
La latitude de ce pays était, suivant eux, par 38 degrés, comme cela est en effet ; ils nous donnèrent en même temps des signes de reconnaissance.
CHAPITRE VIII.
Aussitôt que le vent d’ouest-sud-ouest se fut calmé et que le temps fut redevenu beau, nous remîmes à la voile par un vent de nord-ouest pour chercher ce pays ; mais nous marchâmes pendant deux jours sans pouvoir trouver un port. Nous pensâmes cependant, en observant de la côte, que nous devions l’avoir dépassé ; mais nous ne pûmes nous en assurer en prenant la hauteur, parce que le temps n’était pas assez clair ; d’ailleurs, le vent était trop fort pour qu’il fut possible de revenir en arrière.
Mais Dieu aide dans le besoin : en faisant notre prière du soir, nous le suppliâmes de venir à notre secours, et avant la nuit nous vîmes les nuages s’amonceler vers le sud, et le vent de nord-ouest cessa tout à fait avant que la prière fût terminée. Bientôt le vent du sud, qui ne souffle presque jamais à cette époque de l’année, commença à s’élever avec tant de violence, que nous en fumes tous effrayés. La mer devint très-mauvaise, car il repoussait les vagues que le vent de nord-ouest avait élevées.