Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/46

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Nous passâmes ainsi deux ans dans le désert, au milieu des dangers, souffrant tellement de la faim, que nous mangions des rats, des lézards, les animaux les plus dégoûtants que nous trouvions, les coquillages que nous ramassions sur les rochers et les choses les plus extraordinaires ; car les sauvages qui nous avaient d’abord fourni des vivres ne voulurent plus nous en procurer quand nous n’eûmes plus de marchandises à leur donner en échange, et nous ne pouvions plus nous fier à eux.

Voyant donc que si nous restions plus longtemps dans cet endroit, nous finirions par y périr, nous primes la résolution de nous diviser en deux troupes. La plus nombreuse devait se rendre par terre à la ville de l’Assomption, éloignée d’environ trois cents milles, et les autres tâcheraient d’y arriver avec le vaisseau qui nous restait. Le capitaine me garda avec quelques autres pour l’accompagner par mer.

Ceux qui prirent la route de terre emportèrent des vivres avec eux, emmenèrent quelques sauvages pour leur servir de guides, et finirent par arriver à l’Assomption après que la faim en eut fait périr un grand nombre. Quant à ceux qui devaient aller par eau, il se trouva que le vaisseau était trop petit pour les contenir.


Nous prenons le parti de nous rendre à l’île de Saint-Vincent qui est habitée par les Portugais, espérant pouvoir y frêter un vaisseau pour nous rendre à notre destination. — Naufrage que nous y éprouvons.
CHAPITRE XII.

Les Portugais se sont établis dans une île très-près du continent, et que l’on nomme Saint-Vincent, Urbioneme dans la langue des Indiens ; elle est éloignée d’environ soixante-dix milles de l’endroit où nous étions.