Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/54

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et s’emparaient de tout ce qui leur tombait sous la main autour de Saint-Vincent, car les habitants de l’intérieur étaient sans défiance, et se croyaient suffisamment protégés par cette nouvelle forteresse.

Les Portugais s’en étant aperçus, résolurent de construire aussi un fort au bord de l’eau, sur l’île de San-Maro, précisément en face de Brikioka, et d’y placer de l’artillerie avec une garnison, afin de barrer entièrement le passage aux Indiens. Ils avaient donc commencé des fortifications sans les terminer, parce que, disaient-ils, aucun soldat arquebusier portugais ne voulait s’y risquer.

J’allai visiter cet endroit : les habitants, apprenant que j’étais Allemand et que je m’entendais un peu à l’artillerie, me promirent que, si je voulais m’établir dans la forteresse de l’île, ils me donneraient des compagnons et une bonne paye, ajoutant que le roi m’en récompenserait, car il a l’habitude d’agir en gracieux seigneur envers ceux qui ont rendu des services dans les nouveaux pays.

Je convins d’y rester quatre mois, à condition qu’un officier du roi viendrait avec le monde nécessaire pour y construire un édifice en pierres, ce qui fut exécuté. La plupart du temps nous n’étions que trois dans cette maison, avec quelques arquebuses, et nous courions de grands dangers de la part des sauvages ; la maison n’étant pas très-forte. Nous étions aussi obligés de faire bonne garde pendant la nuit pour n’être pas surpris par les sauvages, ce qu’ils essayèrent quelquefois ; mais, Dieu soit loué, ils nous trouvèrent toujours sur nos gardes.