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Les nôtres arrivent au moment on les Indiens m’emmenaient, — Ils essayent de me reprendre. — Les Indiens se tournent contre eux et leur livrent un combat.
CHAPITRE XIX.

Près de l’île où les Indiens m’avaient pris, il y en a une petite où les oiseaux de mer font leurs nids. Cette espèce se nomme uwara, elle a les plumes rouges. Les sauvages me demandèrent si les Tuppins-Ikins y avaient déjà été cette année, et s’ils avaient pris les oiseaux pendant la couvée. Je leur répondis que oui, mais ils voulurent s’en assurer, car ils estiment beaucoup les plumes de ces oiseaux, et tous leurs ornements sont faits de plumes. Quand les uwaras sont jeunes, leurs premières plumes sont d’un gris blanc ; celles qui viennent ensuite d’un gris foncé, et enfin au bout d’un an ils deviennent rouges comme l’écarlate.

Ils se dirigèrent donc vers cette île, dans l’espérance d’y prendre des oiseaux ; mais à peine étaient-ils éloignés de la côte de deux portées de mousquet, qu’ayant regardé derrière eux, ils virent le rivage couvert de sauvages Tuppins-Ikins, accompagnés de quelques Portugais ; car, au moment où j’avais été fait prisonnier, j’étais suivi d’un esclave qui réussit à s’échapper, et qui alla donner l’alarme et avertir qu’on m’avait fait prisonnier. Ils étaient accourus dans l’espérance de me délivrer, et provoquaient par leurs cris ceux qui m’emmenaient ; ceux-ci tournèrent la proue de leurs canots vers la terre. Quoiqu’on fît tomber sur eux une grêle de flèches et de balles, ils ripostèrent bravement ; ils me délièrent les mains, mais resserrèrent encore les cordes que j’avais autour du cou.

Le chef du canot où j’étais