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qui montait jusque par-dessus ma tête, ils le nomment en leur langue Arasoya. Les femmes se mirent alors à chanter, et m’obligèrent de battre la mesure avec la jambe à laquelle elles avaient attaché ces espèces de grelots, ce qui formait une sorte d’accompagnement. Cependant cette jambe, où j’avais été blessé, me faisait tant de mal, que je pouvais à peine me tenir debout, car je n’avais pas encore été pansé.


Comment on me conduisit après la danse, chez Ipperu Wasu qui devait me tuer.
CHAPITRE XXIV.

Quand la danse fut finie, on me livra à Ipperu Wasu. Celui-ci me gardait avec soin, et m’annonça que j’avais encore quelque temps à vivre. Ils apportèrent ensuite toutes leurs idoles, et les placèrent autour de moi, disant qu’elles leur avaient annoncé qu’ils prendraient un Portugais. Je leur dis alors : « Vos idoles n’ont pas de pouvoir et ne peuvent pas parler, elles ont menti ; car je ne suis pas Portugais, je suis l’ami des Français, et d’un pays qu’on appelle Allemagne. » Ils me répondirent que je leur en imposais ; et que si j’étais l’ami des Français, je n’aurais pas été avec les Portugais, car ils savaient bien que les Français étaient aussi leurs ennemis ; ajoutant que ceux-ci venaient tous les ans dans cet endroit, et leur donnaient des couteaux, des haches, des miroirs, des peignes et des ciseaux en échange de bois du Brésil, de coton, de plumes, de poivre, etc. c’est pourquoi ils étaient leurs bons amis. Mais que les Portugais n’en avaient pas agi ainsi ;